đŸŒ Edward Hopper Maison Au Bord De La Voie FerrĂ©e

Houseby the Railroad / Maison, prĂšs de la voie ferrĂ©e Oeuvre d'Edward Hopper (1882-1967) 1925 huile sur toile 1lW4yFA. En brefAlors que les avant-gardes puis l’abstraction impriment leur marque sur l’AmĂ©rique, Edward Hopper 1882–1967 cultive un rĂ©alisme Ă  contre-courant. À partir des annĂ©es 1930, ce peintre s’est rendu cĂ©lĂšbre en exposant des toiles mĂ©lancoliques, inspirĂ©es par l’American way of life dont il livre une vision dĂ©sabusĂ©e. Son Ɠuvre contient une profondeur symbolique derriĂšre les apparences de la banalitĂ©. Artiste prolifique, tant dans le domaine de la peinture que des Ɠuvres graphiques, Hopper a donnĂ© vie Ă  un rĂ©alisme mĂ©taphysique silencieux, Ă  la perfection sourde et instable, Ă  l’image d’un drame hitchcockien. voir toutes les imagesEdward Hopper, Autoportrait, 1925–1930iHuile sur toile ‱ 64,5 × 51,8 cm ‱ © Whitney Museum of American Art, 2007 / © Adagp, Paris 2020Il a dit Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre. » Sa vieNĂ© en 1882 dans l’État de New York, Hopper grandit dans une famille de commerçants modestes. Rien ne le prĂ©destine Ă  devenir peintre. C’est par le biais de ses Ă©tudes – il envisage une carriĂšre comme illustrateur publicitaire – que la passion le gagne. À la New York School of Art, l’artiste amĂ©ricain dĂ©veloppe une esthĂ©tique figurative, intimiste, au rĂ©alisme presque Hopper a passĂ© l’essentiel de sa vie Ă  New York, il a cependant quittĂ© cette ville entre 1906 et 1910 pour gagner l’Europe. À Paris, qu’il visite Ă  trois reprises, il dĂ©couvre la culture française – dont il demeure passionnĂ© au point d’en apprendre la langue – et Ă©tudie les grands maĂźtres du rĂ©alisme europĂ©en, de Rembrandt Ă  Édouard Manet. Pour autant, Hopper ne se considĂšre pas comme un continuateur des courants europĂ©ens et souhaite au contraire doter l’AmĂ©rique d’un art figuratif indĂ©pendant, reflĂ©tant les caractĂšres propres Ă  cette vivre, Hopper travaille, comme prĂ©vu, dans le domaine publicitaire. Sa vocation d’artiste se prĂ©cise vers 1913, lorsqu’il loue un atelier dans le quartier de Greenwich Village. Mais l’artiste se fait surtout connaĂźtre durant les annĂ©es 1920, Ă©poque Ă  laquelle il se marie. Le couple s’installe Ă  Cap Cod dans les annĂ©es apparence, l’artiste s’intĂ©resse Ă  des objets mineurs, Ă  des personnages anodins, mais il les dote de sentiments profonds et ambivalents. Ce ne sont pas des AmĂ©ricains triomphants, lĂ©gers ou insouciants, des architectures modernes et imposantes. Hopper ne peint pas les gratte-ciels de New York, ni l’Ouest sauvage. Il captive ces riens », moments de vide et de silence mais lourds d’anxiĂ©tĂ©, d’attentes ou de succĂšs vient Ă  Hopper de son vivant. DĂšs 1933, le Museum of Modern Art MoMA lui consacre une rĂ©trospective. Le peintre est invitĂ© Ă  reprĂ©senter son pays lors de la Biennale de Venise en 1952. CouronnĂ© d’éloges, il s’éteint en rĂ©alisme figuratif d’Edward Hopper ne s’appuie pas seulement sur l’observation du monde rĂ©el. S’y mĂȘle une bonne dose de fiction, Ă  l’image d’un noir polar. Le peintre, en mettant en scĂšne des personnages isolĂ©s, des lieux confinĂ©s ou abandonnĂ©s, exprime ses angoisses intĂ©rieures et les incertitudes humaines. En ce sens, tout en reprĂ©sentant les mƓurs de la sociĂ©tĂ©, il livre aussi un portrait inquiĂ©tant d’une AmĂ©rique en Ɠuvres clĂ©s voir toutes les imagesEdward Hopper, Maison prĂšs de la voie ferrĂ©e, 1925iHuile sur toile ‱ 61 × 73,7 cm ‱ Coll. MoMA, New York ‱ © Adagp, Paris 2020Maison prĂšs de la voie ferrĂ©e, 1925Nul train ne passe devant cette maison qui semble abandonnĂ©e ou endormie, Ă  l’écart de la vie moderne. Pourtant, nous avons le sentiment de contempler un personnage dotĂ© d’une Ăąme. Cette impression est renforcĂ©e par le jeu des ombres sur l’architecture, qui lui donne un caractĂšre inquiĂ©tant et changeant. Cette maison victorienne, dĂ©modĂ©e pour l’époque, serait tout droit sortie de l’imaginaire d’Hopper et aurait inspirĂ© le cinĂ©aste Alfred Hitchcock pour le film Psychose 1960. voir toutes les imagesEdward Hopper, Chambre d’hĂŽtel, 1931iHuile sur toile ‱ 152,4 × 165,7 cm ‱ Coll. MusĂ©e Thyssen-Bornemisza, Madrid ‱ © Scala / © Adagp, Paris 2020Chambre d’hĂŽtel, 1931Une femme seule, assise au bord d’un lit dans une chambre d’hĂŽtel impersonnelle, lit les horaires de train. Figure de passage, pourtant immobile, elle est concentrĂ©e au point de ne pas se douter de la prĂ©sence du spectateur. Hopper a cultivĂ© dans son Ɠuvre une observation voyeuriste des personnages. La composition est proche de la photographie. Comme Ă  son habitude, le peintre met en contraste les couleurs chaudes de sa palette avec les sentiments dĂ©gagĂ©s par ses protagonistes froids, impermĂ©ables, distants. voir toutes les imagesEdward Hopper, Noctambules, 1942iHuile sur toile ‱ 84,1 × 152,4 cm ‱ Coll. The Art Insitute of Chicago / © Adagp, Paris 2020Noctambules, 1942Toile cĂ©lĂšbre – peut-ĂȘtre la plus connue de l’art amĂ©ricain –, cette scĂšne raconte moins une histoire qu’un moment, saisi sur le vif et comme figĂ© dans le temps. Quatre personnages occupent l’espace de ce diner, Ă  la fois clos et ouvert sur la ville, en plein cƓur de la nuit. S’ils se touchent ou Ă©changent des regards, ils renvoient pourtant Ă  un sentiment de profonde solitude et lassitude. Autour d’eux, tout est vide. Le peintre observe la scĂšne depuis l’extĂ©rieur du restaurant, en retrait. Peinte en grand angle, cette Ɠuvre fait autant penser Ă  la photographie qu’au cinĂ©ma. Edward Hopper 1882 - 1967 La maison familiale Ă  Nyack, le 17 janvier 1906 Crayon sur papier 12 13/16 x 10 pouces SignĂ© et datĂ© en bas Ă  droite Provenance Collection privĂ©e, Baltimore, Maryland, vers 1975 Galerie Childs, Boston Acquis auprĂšs de la sociĂ©tĂ© susmentionnĂ©e en 2013 La littĂ©rature Childs Gallery, Painting Annual, volume 13, hiver 2013, n° 10, p. 11, illustrĂ©. Cette Ă©tude prĂ©coce de la lumiĂšre et de l'ombre est typique des dessins de Hopper de cette pĂ©riode, dans lesquels les ombres conservent encore un caractĂšre de "fantaisie" beaucoup de lumiĂšre. Son amour de la scĂšne amĂ©ricaine et sa fascination pour le jeu de la lumiĂšre sur les surfaces - et la les formes créées par le contraste entre les zones Ă©clairĂ©es et non Ă©clairĂ©es sont apparentes dans ce croquis de la maison familiale. Toujours Ă©tudiant de Robert Henri Ă  la Chase School The New York School of Art, Hopper avait dĂ©jĂ  atteint Ă  ce moment-lĂ  la simplicitĂ© de l'art qui est devenu sa marque de fabrique. La vue regarde vers l'est en direction de Broadway et du fleuve Hudson, que l'on voit dĂ©limitĂ© Ă  l'arriĂšre-plan. Les tableaux de Hopper prĂ©sentent souvent une architecture et des paysages soigneusement rendus, qu'il a Ă©laborĂ©s Ă  l'aide d'importantes esquisses prĂ©paratoires. DĂ©crivant ce processus mĂ©ticuleux, Hopper a Ă©crit "Il faut beaucoup de temps pour qu'une idĂ©e surgisse. Ensuite, je dois y rĂ©flĂ©chir pendant un long moment. Je ne commence pas Ă  peindre tant que je n'ai pas tout prĂ©vu dans mon esprit. Je vais bien quand j'arrive au chevalet." Ce dessin particulier reprĂ©sente le lieu de naissance de Hopper et sa maison familiale, construite par son grand-pĂšre en 1858. Hopper a vĂ©cu dans cette maison jusqu'en 1910, se rendant Ă  New York pour suivre des cours d'art. AchevĂ©e en 1906, cette image date du dĂ©but du siĂšcle dernier elle tĂ©moigne des expĂ©riences de Hopper en matiĂšre de ligne, de composition et de profondeur, de sa fascination pour les effets d'ombre et de lumiĂšre, et de son intĂ©rĂȘt prĂ©coce pour les paysages et les maisons comme sujets principaux. Des Ɠuvres du dĂ©but de la carriĂšre de Hopper - comme The Family House at Nyack, achevĂ©e alors que l'artiste n'avait que vingt-quatre ans - explorent son sĂ©jour en Europe. Ces croquis rapides de ses expĂ©riences Ă  l'Ă©tranger et des personnes et lieux qu'il a observĂ©s sont en grande harmonie avec la vue de Hopper de sa maison Ă  Nyack. TrĂšs diffĂ©rente de la reprĂ©sentation de la maison par l'artiste, la galerie d'exposition est consacrĂ©e au thĂšme du voyage et de "la route" L'expĂ©rience du voyage est devenue importante pour la carriĂšre de Hopper aprĂšs que lui et sa femme, Josephine Nivison Hopper, aient achetĂ© une voiture en 1927 et aient commencĂ© Ă  parcourir le pays. De nombreux dessins du Whitney ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en prĂ©paration de peintures Ă  l'huile, et prĂ©sentent de nombreuses visions et perspectives de figures uniques ou de compositions. La maison familiale de Nyack illustre Ă©galement les expĂ©riences de Hopper en matiĂšre de composition. Tout au long de l'exposition, le visiteur est confrontĂ© Ă  des recherches fascinantes concernant la localisation prĂ©cise des scĂšnes reprĂ©sentĂ©es, notamment la vue confondue de Greenwich Avenue et du Flatiron Building de Madison Square qui constitue la composition de Nighthawks 1942. Cette documentation sur le lieu est sans doute importante pour notre.. la comprĂ©hension du processus crĂ©atif de l'artiste ainsi que les modifications apportĂ©es au lieu. Le jeu d'ombre et de lumiĂšre sur la texture du bardage et des volets du bĂątiment est toujours visible pour le visiteur contemporain, et le dessin de Hopper est dĂ©sormais un document prĂ©cieux qui reflĂšte l'Ă©tat de la maison du vivant de l'artiste. En 1899, Hopper faisait la navette entre Nyack et le pour Ă©tudier Ă  l'universitĂ©. School of Illustrating au 9 West 14 Street Ă  New York City. Bien qu'il s'agisse davantage d'une Ă©cole de commerce que d'une Ă©cole d'art, cette expĂ©rience l'a encouragĂ© Ă  devenir un artiste plasticien, car "le travail commercial Ă©tait aussi Ă©tranger Ă  son penchant naturel" Bien qu'il ait passĂ© la plupart de son temps Ă  Manhattan, de nombreux dessins de Hopper datant de cette pĂ©riode reprĂ©sentent des scĂšnes locales de Nyack, notamment Hook Mountain, Nyack vers 1899, un promontoire surplombant la ville Tappan Zee. Cette aquarelle place Hopper dans une longue tradition d'artistes de la vallĂ©e de l'Hudson qui ont capturĂ© Hook Mountain, Ă  commencer dans les annĂ©es 1860 par Sanford Robinson Gifford, Albert Bierstadt et Jasper Francis Cropsey. Comme le montre ce dessin, Hopper a commencĂ© Ă  travailler avec des lavis d'encre en mĂȘme temps qu'il commençait Ă  s'Ă©loigner du cours par correspondance de la École d'illustration vers une formation aux beaux-arts. AprĂšs avoir Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  l'automne 1900 Ă  la New York School of Art, anciennement connue sous le nom de Chase School, au 57 West 57 Street, Hopper se lance dans une courte phase influencĂ©e par l'Ashcan School. À la New York School of Art, Hopper a Ă©tudiĂ© sous la direction du fondateur, William Merritt Chase, ainsi qu'avec les membres du groupe Ashcan, dont Robert Henri et John Sloan. À la fin de ses Ă©tudes, vers 1906, Hopper a rĂ©alisĂ© une Ă©tude Ă  l'huile de sa chambre d'enfant dans la maison familiale de Nyack, qui rappelle ses trois mentors. Les plans larges et plats de couleur dans le mur de la chambre Ă  coucher et les draps de lit s'inspirent des affinitĂ©s de Chase et d'Henri pour le travail du peintre français Édouard Manet et les tons sombres de la peinture espagnole. Le sujet d'un intĂ©rieur sombre, quant Ă  lui, dĂ©montre l'influence de Sloan, connu pour ses scĂšnes d'intĂ©rieur en sourdine du cĂ©lĂšbre bar McSorley's de Manhattan. L'impression qui en rĂ©sulte est quelque peu sombre - reflĂ©tant peut-ĂȘtre l'engagement de Hopper envers son art. Bien que Hopper ait fait le saut de l'illustration Ă  la peinture en 1901, il a continuĂ© Ă  dessiner des images de sa ville natale bien-aimĂ©e jusqu'Ă  l'automne 1906, date Ă  laquelle il s'est installĂ© Ă  Paris. L'attachement de Hopper Ă  la technique du dessin au cours de cette pĂ©riode est peut-ĂȘtre liĂ© Ă  son amour pour le peintre de l'Ăąge d'or John Singer Sargent, connu pour ĂȘtre un dessinateur prolifique. En fait, c'est l'artiste Rockwell Kent qui a qualifiĂ© Hopper de "Sargent" de ses cours d'art. Dans l'exquis dessin de 1906 intitulĂ© The Family House at Nyack, Hopper a exprimĂ© Ă  la fois son amour pour la propriĂ©tĂ© familiale et la profondeur de sa formation artistique. La vue presque imprenable sur le Tappan Zee dans ce dessin symbolise les premiĂšres annĂ©es d'existence de la ville annĂ©es oĂč Hopper posait les bases pour devenir l'un des plus grands peintres rĂ©alistes amĂ©ricains. Largement inchangĂ©e aujourd'hui, cette vue Ă©tait peut-ĂȘtre un au revoir pour Hopper, qui allait partir pour Paris peu aprĂšs. "Mon objectif en peinture a toujours Ă©tĂ© la transcription la plus exacte possible de mes impressions les plus intimes de la nature." Peu d'artistes ont peint un portrait de l'AmĂ©rique aussi honnĂȘte et rĂ©vĂ©lateur que celui d'Edward Hopper. Ses images intemporelles du cafĂ© de nuit au bord de la route, du cinĂ©ma vide et de la maison victorienne prĂšs de la voie ferrĂ©e restent dans les mĂ©moires comme le rendu ultime de ces sujets. NĂ© Ă  Nyack, dans l'État de New York, le long du fleuve Hudson, Hopper a commencĂ© Ă  Ă©tudier l'art dans les Ă©coles locales avant de suivre une formation en art commercial Ă  New York en 1899. De 1900 Ă  1906 environ, il Ă©tudie Ă  la New York School of Art sous la direction de Robert Henri et Kenneth Hayes Miller, qui incitent tous deux leurs Ă©lĂšves Ă  se concentrer sur des sujets modernes. Parmi ses camarades de classe figurent George Bellows, Rockwell Kent et Guy Pene du Bois. Entre 1906 et 190, Hopper effectue trois sĂ©jours europĂ©ens de plusieurs mois chacun, passant la plupart de son temps Ă  Paris. Vivant tranquillement avec une famille française, il n'a pas Ă©tudiĂ© dans une Ă©cole d'art mais a peint par lui-mĂȘme. Les artistes qu'il regardait et admirait Ă©taient ceux qu'Henri avait suggĂ©rĂ©s Goya, Manet, Degas, Sisley et Pissarro. Les deux derniĂšres ont constituĂ© les premiĂšres influences majeures de ses vues de rue de Paris. De retour chez lui, au cours de ces mĂȘmes annĂ©es, Hopper peignait des aspects de la scĂšne locale que peu d'artistes avaient tentĂ©s. Bien que le groupe Ashcan - Henri, John Sloan, William Glackens, George Luks et Everett Shinn - se soit concentrĂ© sur les aspects visuels de la mĂ©tropole, Hopper a Ă©tĂ© le premier Ă  capturer les sentiments intĂ©rieurs des habitants des villes et des banlieues. "Railroad Train " Addison Gallery of Art et " The El Station " Whitney Museum of American Art, toutes deux rĂ©alisĂ©es en 1908, sont des Ɠuvres de transition qui montrent que Hopper s'Ă©loigne des tonalitĂ©s sombres d'Henri de l'Ă©poque pour se tourner vers la lumiĂšre extĂ©rieure et les effets de couleur. Au dĂ©but, il n'est guĂšre reconnu et Hopper est contraint de se concentrer sur l'illustration pour gagner sa vie. Il a cessĂ© de peindre pendant un certain temps et, vers l9l9, il s'est mis Ă  la gravure Ă  l'eau-forte, capturant sur la plaque ses concepts de la vie quotidienne en AmĂ©rique qui contenaient les Ă©lĂ©ments essentiels de ses peintures ultĂ©rieures un rĂ©alisme sans compromis, une simplicitĂ© absolue de l'Ă©noncĂ© et un sens de l'humeur qui l'Ă©levait au-dessus du simple naturalisme. Ses gravures sont acceptĂ©es dans de grandes expositions et remportent des prix pour l'artiste ; cet encouragement l'amĂšne Ă  reprendre la peinture, tant Ă  l'huile qu'Ă  l'aquarelle, un mĂ©dium dans lequel il se rĂ©vĂšle ĂȘtre un maĂźtre. En 1927, une exposition de ses huiles Ă  la Rehn Gallery de New York Ă©tablit dĂ©finitivement sa rĂ©putation. À partir de 1920 environ, un certain nombre de jeunes artistes, dont Thomas Hart Benton, Charles Burchfield, Reginald Marsh, John Steuart Curry et Grant Wood, rejoignent Hopper dans une Ă©cole nationaliste qui se consacre Ă  la peinture de la scĂšne indigĂšne dans un style plus ou moins naturaliste. Les chefs-d'Ɠuvre de Hopper des annĂ©es 1920 et 1930 "House by the Railroad" 1925, Museum of Modern Art, "Automat" 1927, Des Moines Art Center et "Lighthouse at Two Lights" 1929, Metropolitan Museum of Art forment le noyau de ce mouvement de la scĂšne amĂ©ricaine. La vision de Hopper Ă©tait unique. Les personnes qui peuplent ses scĂšnes de ville et de banlieue sont des habitants solitaires, anonymes et temporaires d'environnements parfois inhospitaliers. Lorsqu'il n'y a pas d'Ă©lĂ©ment humain, il transfĂšre ces qualitĂ©s Ă  l'architecture, voire au paysage lui-mĂȘme, en utilisant une lumiĂšre intense pour insuffler une Ă©motion humaine. Il y a une certaine frugalitĂ© dans l'Ɠuvre de Hopper, une sĂ©lection minutieuse des personnes, des bĂątiments et des intĂ©rieurs, tout comme pour l'homme lui-mĂȘme. Il a travaillĂ© dans le mĂȘme studio sur Washington Square pendant cinquante-quatre ans, s'aventurant rarement Ă  l'extĂ©rieur, Ă  l'exception des Ă©tĂ©s en Nouvelle-Angleterre et d'une visite occasionnelle dans le Sud-Ouest. Il est mort dans son studio le 15 mai 1967. Edward Hopper est reprĂ©sentĂ© dans toutes les grandes institutions des États-Unis. PubliĂ© le 12 oct. 2012 Ă  101Il y a quelques peintres, trĂšs peu, dont le rĂ©pertoire s'est inscrit dans la mĂ©moire collective. Pour l'angoisse existentielle, on citera Le Cri » de Munch, pour le glamour devenu icĂŽne, la Marilyn » de Warhol, pour l'absurde de la pipe qui n'en est pas une, Magritte... Pour la solitude urbaine, c'est le peintre Edward Hopper qui vient Ă  l'esprit. Du moins chez les amateurs d'art... En effet, il n'est pas sĂ»r qu'en France le grand public connaisse son patronyme. Il a des circonstances attĂ©nuantes puisque la seule exposition qui ait montrĂ© Edward Hopper dans notre pays date de 1989 et elle se tenait Ă  Marseille. Mais voilĂ  que le tort est rĂ©parĂ© puisqu'Ă  Paris le Grand Palais accueille en majestĂ© le maĂźtre amĂ©ricain avec 128 rĂ©trospective est signĂ©e d'un conservateur du Centre Pompidou, Didier Ottinger, qui a imaginĂ© une exposition intellectuelle ». Autrement dit, il ne s'arrĂȘte pas Ă  une compilation d'oeuvres cĂ©lĂšbres, comme cela semblait le cas dans l'exposition de 2004 Ă  la Tate Modern de Londres. Il met en place, dans la grande tradition française, une thĂ©orie qui cherche Ă  Ă©lucider les images Hopper. Et c'est ainsi que le plus cĂ©lĂšbre des artistes modernes amĂ©ricains prend un petit accent voyages Ă  ParisEdward Hopper est nĂ© en 1882 dans l'Etat de New York, issu d'une famille de la middle class ». Il fait des Ă©tudes d'art Ă  New York et pour subvenir Ă  ses besoins, Ă  partir de 1905, devient illustrateur dans une agence de publicitĂ©. Magritte et Warhol ont commencĂ© leur carriĂšre en faisant de mĂȘme. La bonne Ă©cole pour concevoir un message efficace. En 1906, puis en 1909 et en 1910, il se rend Ă  Paris qui est alors l'Ă©picentre mondial de la crĂ©ation. Les impressionnistes le fascinent et il adopte leur palette de couleurs tout en Ă©lisant des sujets de la modernitĂ© amĂ©ricaine moyens de locomotion et fĂȘtes enseigne une chose importante la verve Hopper est trĂšs prĂ©coce. Une des premiĂšres toiles montrĂ©es au Grand Palais est lĂ  pour le montrer. Young Woman in a Studio » et Solitary Figure in a Theatre », des peintures rĂ©alisĂ©es dans les annĂ©es 1901 Ă  1904 en noir, gris et un peu de blanc plongent le spectateur dans la solitude des salles vides et permettent de s'identifier au seul humain prĂ©sent sur la toile. En 1906 et 1909, Hopper peint Paris et il conservera toute sa vie ces oeuvres dans son studio. Sa vue du Louvre, et plus prĂ©cisĂ©ment du Pavillon de Flore, c'est dĂ©jĂ  du Hopper pur jus ». Par le point de vue, car il reprĂ©sente seulement le coin du bĂątiment. Par la lumiĂšre aussi, Ă©crasante, qu'il a postĂ©e sur l'immeuble et qui lui donne une forme 1914, il peint un monument » de la peinture mondiale Soir bleu ». Au bord de la mer, sur une terrasse bordĂ©e d'une colonnade, il reprĂ©sente sur une toile toute en longueur une sĂ©rie de personnages attablĂ©s. Parmi ces gens normaux », une sorte de Pierrot au visage grimĂ©, habillĂ© de blanc. On ne peut s'empĂȘcher de penser que c'est lui le clown. La solitude de l'artiste face Ă  la sociĂ©tĂ©. Hopper doit encore travailler dans la publicitĂ© pour subvenir Ă  ses besoins. En 1925 enfin, ses efforts et sa singularitĂ© sont reconnus. Une sĂ©rie d'aquarelles est vendue avec facilitĂ© et un collectionneur influent, Stephen C. Clarck, fait l'acquisition de House by the Railroad » dont il va faire don plus tard au MoMA de New York. La Maison prĂšs de la voie ferrĂ©e », c'est cette grande maison amĂ©ricaine typique dont Hitchcock va s'inspirer dans Psychose ». Le peintre peut dĂ©sormais se consacrer entiĂšrement Ă  sa Ottinger insiste sur le fait que Hopper entretient un sentiment de nostalgie vis-Ă -vis de l'AmĂ©rique du passĂ©. Ainsi le corpus de son oeuvre ne contient qu'une seule vue de gratte-ciel et encore, est-elle coupĂ©e... La nostalgie et la mĂ©morisation de scĂšnes qui sont vouĂ©es Ă  la destruction... C'Ă©tait la prĂ©occupation partagĂ©e par un grand photographe français, EugĂšne Atget 1857-1927, qui a immortalisĂ© systĂ©matiquement un Paris en voie de disparition. Dans un entretien datĂ© de 1956, Hopper confie Ă  son propos Il y avait quelque chose dans sa façon de photographier. Quoi qu'il en soit, les photographies ne sont pas encombrĂ©es de dĂ©tails, on n'y voit que l'important. »Sans fioritureComme le photographe, le peintre est un obsessionnel des lignes de fuite, des constructions gĂ©omĂ©triques et des compositions sans fioriture. Son premier biographe, Guy PĂšne du Bois, raconte que l'Ă©pouse du peintre -Jo, son principal modĂšle -avait fait l'acquisition d'un col de dentelle et qu'il Ă©tait allĂ© jusqu'Ă  le lui racheter afin qu'elle ne le porte plus. Il explique encore qu'il lui avait fallu des annĂ©es avant qu'il puisse se rĂ©soudre Ă  peindre un nuage dans le ciel. En 1933, le MoMA de New York cĂ©lĂšbre Hopper en organisant sa premiĂšre rĂ©trospective. Edward va devenir le porte-drapeau de la nouvelle peinture la recherche de la lumiĂšrePourtant la thĂ©orie de Didier Ottinger est bien qu'il rĂ©siste Ă  cette nouvelle identitĂ© yankee. Il ne montre pas des usines en marche, mais une gare dĂ©serte. La salle de spectacle, ça n'est pas l'euphorie mais la solitude de l'ouvreuse. En 1953, l'artiste dĂ©clare Le grand art est l'expression extĂ©rieure de la vie intĂ©rieure de l'artiste qui s'incarne dans sa vision personnelle du monde. » En 1927, il peint Drug Store ». Explication de Didier Ottinger la devanture du magasin, barrĂ©e par une publicitĂ© pour un laxatif, est une rĂ©fĂ©rence Ă  la sociĂ©tĂ© de consommation amĂ©ricaine qui souffre d'un la derniĂšre partie de sa vie, Hopper va trĂšs frĂ©quemment peindre ces personnages installĂ©s sur des fauteuils, dans sa ville de Cape Cod, et qui prennent le soleil. A la recherche de la lumiĂšre. C'Ă©tait la quĂȘte d'Edward lire le hors-sĂ©rie illustrĂ© sur Edward Hopper », publiĂ© par Connaissance des arts ». Retrouvez le blog de Judith Benhamou-Huet sur L'exposition en images sur

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